DOJO ARTS MARTIAUX 71

Jujitsu et Self-Défense

Né au temps des samouraïs, le jujutsu* fait la synthèse d’un patrimoine technique visant le contrôle d’un adversaire à mains nues, une richesse japonaise unique au monde ! Entraînant son corps comme une arme, le jujitsuka connaît les clés douloureuses, il sait frapper et projeter. Au-delà, il s’entraîne à percevoir et maîtriser dans le présent l’enjeu universel toujours renouvelé de la défense personnelle. Sans peur et sans illusion, à la fois souple et ferme comme le bois d’une lance, il aborde le monde qui l’entoure avec le sens du réel, de bons appuis au sol et un cœur fort.

Dans cette quête, il a toujours le principe ju (?) pour le guider, l’art de l’adaptation à l’autre, le contournement de la force pour mieux la retourner contre l’agresseur.

LE JUJITSU, L'ESPRIT SAMOURAÏ

Au commencement était le champ de bataille, lors des affrontements de clans à l’âge guerrier du Japon. Fort de son sabre et de sa lance, le samouraï en était pourtant parfois privé pendant l’affrontement. Il devait alors savoir faire face à mains nues aux adversaires, être capable de bloquer, de projeter, de briser et de maintenir. À partir du XVIIe siècle et la période Edo, la paix entre les provinces japonaises a permis de laisser les lames au fourreau, mais a renforcé encore l’importance de ces techniques complémentaires, devenues techniques principales. Dans les couloirs des palais comme dans les salles de police et les écoles, les besoins se sont multipliés. Variées dans leurs méthodes et dans les techniques mises en avant : frappes, projections, contrôles, clés articulaires, etc, elles identifiaient toutes un principe sous-jacent, un secret ancien du monde oriental : « Ju » (?), traduit souvent en français par « souplesse », mais au sens de souplesse de l’esprit comme celle du corps, la capacité à s’adapter à la force et à l’intention d’un adversaire, en faisant en sorte d’utiliser sa volonté agressive contre lui.

Le  jujitsu  est « la méthode souple », l’art de la douceur, c’est-à-dire la recherche du procédé le plus direct et le plus économe, le geste précis le plus pertinent pour la situation. Être souple et ferme comme le bois d’une lance. Il trouve ses origines dans les intuitions très ancienne du taoïsme au Ve siècle avant J.-C. Lao Tseu écrivait dans le Tao Te King : « La douceur l’emporte sur la dureté, et la faiblesse sur la force. » C’était le principe caché au cœur des méthodes, qu’on ne révélait qu’aux élèves les plus aptes, à cette époque où ce savoir maîtrisé était une puissance considérable.